Ceux-là

Ce sont des êtres de fragilité. De ceux qui entrent nus dans la vie. Nus, je veux dire, moins vêtus que d’autres, moins armés. De l’extérieur on la perçoit cette fragilité. Les moins solides d’entre nous, pas tous ne perçoivent ça, et c’est une scène absolument intense que la rencontre de ceux là. On sent que le moindre vent peut les briser, mais le plus souvent le moindre vent s’incline devant ces êtres et les fait valser avec la lumière jusqu’au soir tombant.

Ils sont habités de deuils, hantés de perte. La peau de leur cœur est transparente.

Ils n’ont pas d’âge puisque leur enfance est éternelle. Un jour qu’ils étaient tout petits, un adulte n’a pas tenu sa promesse ou a dit Plus tard à leur tendresse, ils ont alors rencontré ce qui deviendrait leur solitude, ils se sont mis à imaginer, des amis Pierrot à qui parler, ont bâti des sas en soi où se reculer, prêté serment de croire au moins en un ciel, celui de leurs marelles, l’empreinte de leur craie d’enfance sur le pavé de leur vie.

Ce sont des êtres qui savent lire la beauté précaire du monde. Pas le grand Art, pas la collection de tableaux, pas le commerce des mots sur les étals sans âme des villes.

Non, la beauté précaire du monde, ce qui luit sur le trottoir de chaque jour… ce qui du regard est à portée de main…

Un rayon de soleil, le parfum des violettes, l’odeur de l’averse, le chant de la tourterelle, le déhanchement des dunes, l’horizon du soir, les retrouvailles de l’aube…

Ce sont ceux là qui donnent une mémoire aux instants.

Qui transforment le futile en inoubliable.

Qui offrent des souvenirs à la déchirure du temps.

Ce sont ceux là qui savent regarder la mer.

Comments

[ExA]

Merci pour eux...
Je savais que vous les reconnaîtriez.

[Sylvaine]

"La peau de leur coeur est transparente"
Je suis très touchée par ce texte si présent même dans l'absence !

[...]

...

[gevi]

Ces êtres, sont des anges ... merci pour eux de l'amour que vous leur portez

[Servanne]

Je les reconnais aussi ... c'est si beau ...