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Ex-Absentia
20 août 2012

On ne sait jamais bien si ça va revenir. Si ca va

d’André Kertész

 

On ne sait jamais bien si ça va revenir. Si ca va revenir et si ca va rester. Mais ça, encore, souvent, on en est loin. Loin de se demander si ça va rester. Parce qu’il faudrait déjà que ça soit revenu pour rester. Toujours est-il que le plus souvent, on en est loin.

On ne sait jamais bien si ça va revenir. Et puis encore, sous quelle forme ? L’inespéré, l’absolu, l’éphémère ? Une seconde, quelques lunes, une vie ? On creuse, on fouine, il y a bien quelques souvenirs. Des semblants de semence oubliés en soi. Mais on ne sait pas bien ce que c’est, comment ça se donne, par où ça guette. Un parfum, une couleur, des yeux, un sourire volé au bitume, des riens de tout ça qui font la vie plus loin.

Enfin On je sais pas. On. Peut être pas tout le monde. Peut être qu’il en est qui savent naviguer sur les lames sans trop se prendre de ressacs. Peut être même qu’il en est qui savent juste virevolter. Au gré des flots, comme ça. Des corps volontaires. Des souples de l’âme.
Non, On je ne sais pas. Quelques uns en tout cas, une bonne patrie. Ca pourrait rassurer. Ca rassure parfois, ça on dit pas. Mais le problème avec ces choses là, c’est qu’on est toujours seuls en soi. Des milliers d’îles à se savoir le même océan sans pouvoir le franchir.

C’est que les hommes sont des archipels. De petites terres, chacune leur langue et leur regard , chacune leur source et leur peau. De petites terres cernées de bleu, à le voir un matin miraculeux de beauté, quelques astres plus loin terrifiant d’éternité. Jamais le même bleu, c’est ce qu’il faut admettre. Apprendre à ne pas regretter l’indigo et à fendre l’anthracite. Tu es de ton bleu. Moi du mien. Et à moins de mourir, ce qui est le moins du moins, il faut bien y oser les fiançailles.
Quand nous sommes des archipels sidérants de solitude.

Qui ne savent jamais bien si ça va revenir. Le beau, le miraculeux et l’éternel. Alors en attendant, on gratte. On gratte le ciel, on gratte le soi, l’amour et puis la mer. On cherche le beau sous les gravats des rêves. Le mot. On gratte la pierre, la toile, la feuille, on gratte le sens. On sort en sueur. Sang. Larmes. On n’est plus que cette attente qui palpe le pouls d'elle-même. Et puis on se trouve, là, on ne sait pas trop comment, un beau soir, à nommer le beau sous les gravats du monde.

L’instant d’après ?
On ne sait jamais bien…

 

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